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Unity Dow

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Unity Dow
Illustration.
Unity Dow en 2011.
Fonctions
Ministre botswanaise des Affaires étrangères et de la Coopération internationale

(2 ans, 2 mois et 6 jours)
Président Mokgweetsi Masisi
Prédécesseur Pelonomi Venson-Moitoi
Vincent T. Seretse (intérim)
Successeur Lemogang Kwape
Biographie
Date de naissance (66 ans)
Lieu de naissance Protectorat du Bechuanaland (Botswana)
Nationalité Botswanaise
Parti politique BDP
Diplômée de Université du Botswana
Profession Romancière
Magistrate
Unity Dow
Activité principale
Distinctions
Auteur
Langue d’écriture Anglais
Genres

Œuvres principales

  • Les Cris de l'innocence

Unity Dow, née le dans le protectorat du Bechuanaland, est une magistrate, femme politique et écrivaine botswanaise, militante pour les droits des femmes.

Jeunesse et formation

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Unity Diswai est née le 23 avril 1959 à Mochudi, dans le district de Kgatleng, au Botswana (qui était à l’époque le protectorat du Bechuanaland) de Phiri et Maefshane Diswai (également connus sous le nom de Moses et Ellen Diswai), descendants du peuple indigène Mosarwa (ethnie San) et membres de la tribu Bakgatla. Le village rural dans lequel elle a grandi n’avait ni routes goudronnées, ni eau courante, ni électricité, ni téléphone et elle n’a pas connu de réfrigérateur ni de télévision avant son adolescence.

Sa mère, couturière, savait lire et écrire en setswana, non en anglais, au contraire de son père, qui, travaillant dans une petite ferme, parlait et lisait l’anglais. Il avait dans sa jeunesse obtenu une bourse pour étudier à l’université de Fort Hare, mais c'est le fils du chef local qui en avait bénéficié à sa place. Pour les deux parents d'Unity, l’éducation a constitué une priorité et six de leurs sept enfants ont terminé leurs études universitaires, cursus occidentaux tout à fait inhabituels pour le Botswana rural de l’époque.

Après des études primaires et secondaires à Mochudi, Unity Disway a étudié le droit à l’université du Botswana et du Swaziland. Faute d’école de droit au Botswana à l’époque, elle a intégré, dans le cadre d’un programme d’aide britannique, l’université du Swaziland, et a terminé par deux ans d’études à l’université écossaise d’Édimbourg, avant d’obtenir son diplôme d’avocat en 1983 à l’université du Botswana.

Carrière juridique, activisme et fonctions de femme d'État

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C'est en tant que procureur pénal à Gaborone qu'elle commence sa carrière.

Le 7 mars 1984, elle devient Mme Dow par son mariage avec un ressortissant américain, Peter Nathan Dow, dont elle a trois enfants. En 1986, Unity Dow se spécialise dans le droit pénal et ouvre le cabinet Dow Malakaila, qui sera renommé deux ans plus tard Dow Lesetedi and Company, premier cabinet d’avocats entièrement féminin du pays. La même année, elle devient l’une des fondatrices du premier groupe féministe au Botswana, Emang Basadi (Défendre les Femmes) puis, deux plus tard également, cofonde l’organisation Women and Law in Southern Africa (WLSA : « Les Femmes et la Loi dans le Sud de l'Afrique »), afin de défendre devant la justice les droits des femmes et des enfants. De 1988 à 1991, Unity Dow mène des recherches pour la WLSA, aidant à compléter une étude régionale sur les droits humains des femmes dans six pays voisins.

En 1992, elle conteste la constitutionnalité de la loi qui l'oblige à demander chaque année un permis de séjour pour ses deux enfants car le père de ces derniers, bien que vivant depuis une dizaine d'années dans le pays, est étranger (Américain en l'occurrence). Après trois ans, Unity Dow obtient gain de cause, et à la suite de ce jugement, dix-neuf autres pays africains abandonnent ce type de discrimination[1],[2].

Prenant en 1991 un congé sabbatique de deux ans de son cabinet d’avocat pour cette affaire, elle en profite pour cofonder l’école primaire Baobab à Gaborone ainsi que l'Association d'action contre le SIDA (AIDS Action Trust), problème de santé majeur au Botswana, alors qu'un adulte sur 4 est infecté par le VIH.

En 1998, elle rejoint la Cour suprême du Botswana en tant que juge, devenant ainsi la première femme de l'histoire de l'institution botswanienne à assumer ce poste[3],[4], qu'elle occupe jusqu'en 2009[5].

En 2004, elle participe à une mission des Nations Unies visant à examiner l'application nationale en Sierra Leone des droits humains internationaux des femmes[6]. Elle est élue commissaire de la Commission internationale de juristes en 2004 et réélue à ce poste en 2009.  En 2006, elle est élue au comité exécutif de la Commission internationale de juristes, composé de six commissaires sortants et de trois nouveaux membres, dont elle-même, Vojin Dimitrijević de Serbie et Raji Sourani de Palestine[7].

Elle préside à la Haute Cour en 2002 l' affaire Roy Sesana and Others v. the Government of Botswana (Roy Sesana et autres contre le gouvernement du Botswana) une affaire portée par des représentants du peuple Basarwa  (parfois appelés San, ou Bushmen du Kalahari)  concernant leur expulsion de leurs terres ancestrales dans la réserve de gibier du Kalahari central. Sesana et Keiwa Setlhobogwa ont intenté cette action au nom de 241 autres plaignants lorsque le gouvernement du Botswana a interrompu l'approvisionnement en eau de la réserve, refusé de fournir des services de santé et le transport scolaire, cessé la distribution de nourriture aux orphelins et aux personnes démunies, et tenté d'expulser de force les Basarwa de leurs villages. Ils ont modifié leur plainte pour y inclure le refus du Département de la faune et des parcs nationaux de les autoriser à entrer dans la réserve sans permis ni de leur délivrer de licences de chasse spéciales.  Après quatre années d'audience, en 2006, la juge Dow a conclu que la cessation des services et le déplacement forcé des Basarwa constituaient une violation de leur droit constitutionnel à la vie.  Elle a ordonné le rétablissement des services et le versement de dommages et intérêts aux personnes déplacées qui ne souhaitaient pas revenir.  Concernant les permis de chasse, les trois juges ont convenu qu'ils avaient été refusés illégalement. Bien que le Département de la faune sauvage ne soit pas tenu de délivrer des permis, il l'avait fait traditionnellement ; le refus de ces permis, conjugué à l'arrêt de la distribution des rations, a compromis la capacité des Basarwa à subvenir à leurs besoins.  Concernant les permis d'entrée dans la réserve, la juge Dow a estimé qu'ils entravaient l'exercice du droit à la liberté de circulation des Basarwa.  Selon le professeur de droit Clement Ng'ong'ola, cette affaire a été la première décision au Botswana à reconnaître les droits des peuples autochtones sur leurs terres ancestrales[8].

En 2007, Unity Dow participe à une mission spéciale du Consortium international d'assistance juridique (ILAC) chargée d'évaluer le système judiciaire rwandais et d'examiner comment le pays pourrait se relever de son passé conflictuel et réhabiliter son système judiciaire afin de garantir un procès équitable aux accusés dans les affaires de génocide de 1994.  L'une des dernières affaires qu'elle présidé concerne une augmentation de la taxe gouvernementale sur les boissons alcoolisées, pour laquelle elle retarde l'application d'une hausse de 30 % avant que l'affaire ne soit finalement classée sans suite.  Elle prend sa retraite de la magistrature en avril 2009, à 49 ans, pour enseigner à la faculté de droit de l'université Washington and Lee à Lexington, en Virginie, et à l' université de Cincinnati, dans l'Ohio, avant d'être professeure invitée à la faculté de droit de l'université Columbia à New York[9].

Le , elle devient ministre des Affaires étrangères dans le gouvernement du président Mokgweetsi Masisi.

Activité littéraire

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En parallèle à son activité de magistrate, elle publie cinq romans, couvrant des thématiques telles que les effets de la mondialisation sur les sociétés africaines, le sida, ou la condition des femmes. L'un d'entre eux a été édité en français par les éditions Actes Sud en 2006 : Les Cris de l'innocente[10].

Distinctions

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Le , elle est faite chevalier de la Légion d'honneur par le président français, en reconnaissance de son combat pour les droits de l'homme.

Étude (droit, sociologie)

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  • (en) Women, marriage, and inheritance, 1994, en collaboration avec Puseletso Kidd

Notes et références

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  1. Alain Faujas, « Elles n'ont pas tous les droits - JeuneAfrique.com », sur JeuneAfrique.com, (consulté le ).
  2. Benoît Bréville, « Pourquoi vous ne deviendrez jamais chinois », sur Le Monde diplomatique, (consulté le ).
  3. (en) « First Woman Judge. HighBeam Business: Arrive Prepared », sur business.highbeam.com (consulté le ).
  4. Pour comparaison, ce n'est qu'en 1981 que la Cour suprême des États-Unis a vu nommer dans ses rangs une femme, la juge Sandra Day O'Connor et en 1989 que la Cour suprême de l'Union indienne a reçu dans ses rangs la juge Fathima Beevi.
  5. (en) Danielle Friedman, « How Botswana Beat AIDS », sur The Daily Beast, (consulté le ).
  6. (en) CEDAW, « Mission to Sierra Leone, 25-28 October 2004 » [archive du ] [PDF], sur www.un.org via wayback machine, (consulté le )
  7. (en) « Raji Sourani Elected to the Executive Committee of the International Commission of Jurists » (consulté le )
  8. « Sneaking Aboriginal Title into Botswana's legal system through a side door: Review of Sesana and Others v the Attorney-General | WorldCat.org », sur search.worldcat.org (consulté le )
  9. (en) « The departure of a nonconformist », sur Mmegi Online, (consulté le )
  10. « Les meilleurs auteurs africains de la décennie sont des femmes », sur Slate Afrique, (consulté le )

Bibliographie

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Articles connexes

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Liens externes

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  1. (en) Margaret Lenta, « Postcolonialism in an anti-colonial state: Unity Dow and modern Botswana » [archive du ], sur ro.uow.edu.au via wayback machine, (consulté le )