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Pierre Choderlos de Laclos

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Pierre Choderlos de Laclos
Portrait par Quentin de La Tour
Biographie
Naissance
Décès
Nom de naissance
Pierre Ambroise François Choderlos de Laclos
Nationalité
Formation
Activité
Conjoint
Marie Soulange Duperré (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Membre de
Grade militaire
Mouvement
Genre artistique
Archives conservées par
Œuvres principales

Pierre-Ambroise-François Choderlos de Laclos (/pjɛʁ ʃodɛʁlo də laklo/[2]), né à Amiens le [3] et mort à Tarente le , est un officier de carrière qui a traversé la Révolution française et a beaucoup écrit sur des sujets très divers. Il est surtout connu comme l'auteur du roman épistolaire Les Liaisons dangereuses. Incarnation d'un siècle de contradictions, cet officier des Lumières méticuleux ne devint romancier que le temps d'un chef-d'œuvre, mais connut en politique les revers que son talent militaire lui avait épargnés.

Carrière militaire sous l'Ancien Régime

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Deuxième fils d’un secrétaire à l’intendance de Picardie et d’Artois, d'une famille de robe anoblie seulement en 1750[4], Pierre Choderlos de Laclos est poussé par son père à s'engager dans l'armée. Il choisit l’artillerie, bien que les perspectives de promotion y soient restreintes, car son extraction ne peut lui permettre plus noble carrière[5] ; mais cette arme technique convient bien à son esprit mathématique. Il est admis en 1760 à l’École royale d'artillerie de La Fère. Il est nommé successivement aspirant en 1761 puis sous-lieutenant en 1762. Rêvant de conquêtes et de gloire, il se fait affecter à la brigade de Cosne pour le service des colonies, en garnison à La Rochelle. Mais le traité de Paris de 1763 met fin à la guerre de Sept Ans. Faute de guerre, le jeune lieutenant de Laclos est obligé d’étouffer ses ambitions dans une morne vie de garnison, au régiment de Toul artillerie en 1763. Il devient franc-maçon dans la loge L’Union[6], à Strasbourg de 1765 à 1769, à Grenoble de 1769 à 1775, puis à Besançon de 1775 à 1776. Cette année-là, affilié à la loge parisienne Henri IV, il en devient le vénérable maître[6]. Parvenu dans les hauts-grades de la franc-maçonnerie, il crée son propre chapitre, la Candeur[6]. Nommé capitaine à l’ancienneté en 1771 – il le restera durant dix-sept ans jusqu’à la veille de la Révolution – cet artilleur, froid et logicien, à l’esprit subtil, s’ennuie parmi ses soldats grossiers. Pour s'occuper, il s'adonne à la littérature et à l’écriture. Ses premières pièces, en vers légers, sont publiées dans l’Almanach des Muses. S’inspirant d’un roman de Marie-Jeanne Riccoboni, il écrit le livret d'un opéra-comique, Ernestine, dont le chevalier de Saint-Georges compose la musique[7]. Cette œuvre n’a qu’une seule représentation, le , devant la reine Marie-Antoinette. C'est un échec.

En 1777, il reçoit la mission de préparer l'installation à Valence d'une nouvelle école d'artillerie. De retour à Besançon l'année suivante, il est promu capitaine en second de sapeurs. C'est durant cette période de garnison qu'il rédige plusieurs œuvres, se révélant fervent admirateur de Jean-Jacques Rousseau et de son roman la Nouvelle Héloïse, qu'il considère comme « le plus beau des ouvrages produits sous le titre de roman »[8]. Il commence alors la rédaction des Les Liaisons dangereuses.

Nommé capitaine en second en 1777, Laclos bénéficia d'une lettre de recommandation adressée par une dame anonyme aux bureaux de la Guerre, qui laisse deviner une « aimable protectrice » prenant un « intérêt tendre » pour l'officier[9]. Le 30 avril 1779, capitaine en second du régiment d'artillerie dit « de Toul », il fut détaché de sa garnison de Besançon pour travailler aux fortifications sur l'Atlantique.

Depuis le traité d'alliance avec les Insurgents d'Amérique (février 1778), la France se trouve de nouveau en guerre avec la Grande-Bretagne. La tactique anglaise consiste à occuper les îles du littoral atlantique pour disposer de bases contre les ports français. En 1779, on se préoccupe donc de mettre en défense les côtes de Vendée et les îles. Une commission d'officiers dresse un rapport le 10 mai 1779 : seule l'île de Ré est bien fortifiée, tandis que sur l'île d'Aix, commandant l'accès de Rochefort, rien n'existe depuis la destruction du fort par la flotte anglaise en 1757[10].

Face à cette situation, le ministère fait appel à Montalembert, théoricien de la fortification perpendiculaire, qui conçoit « le premier des forts à casemates » : les canons, sur affût à aiguilles, sont disposés dans des embrasures d'un type nouveau permettant de battre tous les points de la rade. L'ouvrage en bois, critiqué plus tard pour sa fragilité, était conçu comme un vaisseau fixe dont l'immobilité était compensée par une puissance de feu supérieure. Laclos est choisi pour commander la construction sur place sous les ordres directs de Montalembert, qui le considère comme « un autre lui-même » et irremplaçable[11]. Il assume ainsi la responsabilité grave pour un simple capitaine de commander environ cinq cents hommes (le fort étant doté de 150 canons servis chacun par trois artilleurs, plus un renfort de sapeurs), dans un contexte militaire tendu après la bataille d'Ouessant (1778).

À la suite de cette mission, il rédige un Mémoire sur les troupes destinées à la défense du fort de l'île d'Aix où il propose une réforme au sein de l'armée qui supprimerait la distinction entre infanterie et artillerie. Classé sans suite, ce dossier alimenta néanmoins le discrédit porté à l'officier tout au long de sa carrière, en raison de ses travaux hétérodoxes[12].

En 1786, Laclos poursuit sa réflexion sur l'art militaire en publiant une Lettre à Messieurs de l'Académie Française sur l'éloge de M. le Maréchal de Vauban, dans laquelle il argue que les ingénieurs français doivent dépasser cet héritage et explorer de nouvelles méthodes de fortification. Tout en reconnaissant le génie de Vauban dans l'attaque des places fortes, Laclos critique vivement la faiblesse de ses défenses, soulignant que le maréchal « ne pouvait capturer n'importe quelle forteresse mais ne pouvait jamais en garder une », et qu'il avait coûté à la France « plus de la moitié de la dette actuelle de l'État »[13]. Cette démarche intellectuelle, qui allie pensée des Lumières et innovation militaire, illustre l'ambition de cet officier de lettres cherchant à renouveler l'art de la guerre. Passionné par la balistique, c'est également cette année-là qu'il poursuit ses expérimentations sur le boulet creux à l'île d'Aix puis à La Fère, travaux précurseurs de ceux qu'il mena durant la Révolution.

Laclos participe activement aux débats sur la réforme militaire qui animent l'armée française après la défaite de la guerre de Sept Ans. Il correspond notamment avec le comte de Guibert, l'un des principaux théoriciens militaires de l'époque[14],[15]. Comme Guibert, Laclos considère que toute réforme militaire significative doit s'accompagner d'une transformation des valeurs de la noblesse et de la société dans son ensemble.

Les Liaisons dangereuses

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Portrait de Mme Laclos
attribué à Alexandre Kucharski (1786).

Durant sa mission à l'Île-d'Aix mais également à Paris[16], Pierre Choderlos de Laclos consacre du temps à l'écriture des Liaisons dangereuses. Promu à la fin de l'année 1779 capitaine de bombardier, il obtient un congé de six mois de janvier à juin 1780 qu'il passe dans la capitale française où il écrit[11]. Il sait désormais que son ambition littéraire doit passer avant son ambition militaire, devenue sans issue. Cette frustration s'accentue en 1781, lorsque le comte de Ségur, ministre de la Guerre, fait passer une résolution interdisant l'accès au corps des officiers aux nobles de moins de trois générations. Alors que la France vient d'entrer dans la Guerre d'Indépendance américaine, Laclos ne peut, faute de relations, participer à cette première expédition militaire en dix-huit ans et reste en garnison à l'île d'Aix dans l'attente d'une attaque navale britannique qui ne vint jamais[17]. C'est dans ce contexte de carrière militaire bloquée que les Liaisons dangereuses paraissent en 1782.

Son ouvrage en gestation contient ses frustrations militaires — n’avoir jamais pu faire valoir ses qualités lors d’une guerre — mais aussi les nombreuses humiliations qu’il estime avoir subies au long de sa vie, de la part des « vrais » nobles, ainsi que des femmes qu’il pense inaccessibles[18]. Les Liaisons dangereuses pourraient donc aussi être considérées comme une sorte de revanche et de thérapie face à une carrière militaire frustrante[19]. Laclos, décrit comme un homme « rongé par les anxiétés et motivé par une frustration teintée d'ambition »[19], écrivit son roman alors qu'il avait le sentiment, à quarante-huit ans, que « sa vie et sa carrière se refermaient sur lui »[19], isolé sur les îles désertes de l'Atlantique après l'échec cuisant de son opéra Ernestine[19]."

En 1781, promu capitaine-commandant de canonniers, il obtient un nouveau congé semestriel au cours duquel il achève son chef-d’œuvre. Il confie à l’éditeur Durand Neveu la tâche de le publier en quatre volumes qui sont proposés à la vente le . Le succès est immédiat et fulgurant ; la première édition comprend deux mille exemplaires qui sont vendus en un mois — ce qui pour l’époque est déjà assez extraordinaire — et dans les deux années qui suivent une dizaine de rééditions sont écoulées. Le roman est même traduit en anglais dès 1784[20].

La publication de cet ouvrage, dont l'anonymat a été facilement percé à jour, est considérée comme une attaque contre l'ordre social, est jugée comme une faute par la hiérarchie militaire. Sommé de se rendre immédiatement dans sa garnison en Bretagne, depuis laquelle il est envoyé à La Rochelle en 1783 pour participer à la construction du nouvel arsenal, il fait la connaissance de Marie-Soulange Duperré[21], qu'il charme et avec qui il a rapidement un enfant. Il a 42 ans, elle seulement 24, mais, réellement amoureux, il l’épouse en 1786 et reconnaît l’enfant[22]. Marie-Soulange est le grand amour de sa vie et lui donnera deux autres enfants.

Choderlos de Laclos ne ressemble en rien à Valmont, le séducteur archétype de son roman épistolaire, et n’en a aucune des tares[23]. Il n'a rien d'un séducteur : on le décrit comme un « grand monsieur maigre et jaune, en habit noir[24] » à la « conversation froide et méthodique », un « homme de génie ; très froid »[25]. Sa vie sentimentale est teintée de rousseauisme[26] ; il est fidèle à son épouse, de même qu’il est pour ses enfants un père attentionné.

En 1783, il participe à un concours proposé par l'Académie de Châlons-sur-Marne dont le sujet est « Quels seraient les meilleurs moyens de perfectionner l’éducation des femmes ? », ce qui lui permet de développer des vues qu'on pourrait aujourd'hui qualifier de féministes sur l’égalité des sexes et l’éducation des jeunes filles. Dans son traité De l'éducation des femmes resté inachevé, il dénonce l’éducation donnée aux jeunes filles qui ne vise, selon lui, « qu’à les accoutumer à la servitude, et à les y maintenir ». Le thème de l’émancipation féminine avait déjà dans Les Liaisons dangereuses un rôle important.

Le , il écrit au Journal de Paris son projet de numérotation des rues de Paris[note 1][27]

Sous la Révolution et le Consulat (1788-1803)

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Gravure à l'effigie de Pierre Choderlos de Laclos par Antoine-Alexandre Morel (1799).

Au service du duc d'Orléans et engagement révolutionnaire (1788-1791)

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En 1788, Laclos entre au service de Louis-Philippe-Joseph d'Orléans comme secrétaire des commandements[28], fonction qui le place au cœur de l'agitation politique précédant la Révolution. Il appartient dès 1787 à la coterie orléaniste qui se réunit chaque dimanche chez Madame de Genlis, gouverneur des enfants d'Orléans, dans son hôtel de la rue Bellechasse. Ce cercle politique, admirateur du modèle anglais, réunit notamment le comte de Genlis, le duc de Biron, Clarke et quelques autres fidèles du duc[29]. Au début de 1789, il rédige les Instructions données par S.A.S. Mgr le duc d'Orléans à ses représentants aux bailliages pour les élections aux États généraux[30]. Selon Talleyrand, le duc, trouvant le texte « trop peu voilé », le fit compléter par Sieyès sans toutefois modifier la rédaction originale[31]. L'article XII propose notamment l'établissement du divorce, innovation audacieuse qui, comme le note Émile Dard, constitue une rupture en droit, en morale et en religion[32]. Cette préoccupation rappelle les réflexions de la Lettre XCVIII des Liaisons dangereuses et annonce les positions que Laclos défendra ultérieurement[32].

Pendant le séjour du duc à Londres en 1789-1790, Laclos joue un rôle central dans la correspondance diplomatique. Le marquis de La Luzerne, ambassadeur à Londres, témoigne que Laclos « seul, compose le conseil du prince » et « écrit presque toute la journée »[33]. Il rédige les minutes des lettres diplomatiques, recopiées ensuite par Clarke et signées par le duc[note 2]. En 1790, il rédige également l' Exposé de la conduite du duc d'Orléans, rédigé par lui-même à Londres, bien que le titre attribue l'ouvrage au duc[34]. Madame de Genlis critique vivement ce texte avec une vivacité qui ne peut s'expliquer, selon Dard, que par la certitude où elle était que le duc n'en était pas le rédacteur[34]. L'Exposé se désigne implicitement comme ennemi de Madame de Genlis et dénonce son influence passée sur le duc : « On me dirigeait, et je ne puis pas dire que la conduite que je tins alors fut réellement ma conduite »[35].

Du 31 octobre 1790 au 21 juillet 1791, Laclos devient rédacteur en chef du Journal des Amis de la Constitution, organe du Club des Jacobins[36]. Il supervise l'ensemble de la publication, confiant certaines rubriques à des collaborateurs comme Gabriel Feydel pour la Correspondance hebdomadaire[37], et rédige notamment la chronique « Variétés », les « notes du rédacteur » et la critique littéraire[38]. Ses principaux articles traitent du perfectionnement de la Constitution, de la monarchie, du républicanisme et des mesures à prendre après la fuite du roi[note 3].

Après la fuite de Varennes en juin 1791, une commission comprenant Jacques-Pierre Brissot, Georges Danton et trois autres membres[39] rédige une pétition réclamant la déchéance du roi. Le projet initial de Brissot contient un passage sur « le remplacement de Louis XVI par les moyens constitutionnels », formule impliquant une régence du duc d'Orléans. La foule exige le retrait de ce passage et une nouvelle version purement républicaine est rédigée au Club des Cordeliers[40]. Le 16 juillet au soir, une vive discussion s'élève aux Jacobins sur cette suppression. Laclos fait partie des orateurs qui s'y opposent, invoquant l'autorité de Brissot lui-même[41][note 4].

Le 15 juillet 1791, les Jacobins se scindent : l'un des clubs émigre aux Feuillants. Laclos annonce son départ dans une lettre au Journal de Paris le 21 juillet : « Je prends aujourd'hui le parti de me retirer de cette Société, dont je ne cesserai cependant jamais de respecter les intentions patriotiques »[42]. Le dernier numéro du journal paru sous sa direction est le numéro 34 du 19 juillet 1791. Le 12 août, il proteste dans le Patriote français contre l'usage abusif de son nom par les Feuillants[42].

Armées républicaines et emprisonnement (1792-1794)

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En août 1792, face à la situation dramatique sur le front où les troupes françaises désorganisées reculent[43], Danton prend la direction du gouvernement et organise la défense nationale. Le 28 août 1792, Servan, ministre de la Guerre, nomme Laclos directeur de l'artillerie au ministère avec le grade de maréchal de camp[44]. Sa mission l'amène à inspecter les troupes et à déployer son talent de technicien militaire doublé d'un politique[45]. En septembre, il est chargé d'organiser le camp de Châlons (aujourd'hui camp de Mourmelon)[44], où il établit l'ordre le 8 septembre parmi les volontaires mal équipés affluant de Paris[46]. Face au manque d'armes à feu — Beaumarchais ayant échoué à en acheter en Hollande[47] —, il fait armer les volontaires avec des piques, mesure pragmatique adaptée aux conditions du combat d'infanterie de l'époque : après la première salve, les fantassins se ruent à l'assaut à la baïonnette, et la pique peut servir efficacement[47].

En mission auprès du général Luckner, Laclos rédige les instructions et donne des ordres à Dumouriez, Kellermann et Beurnonville[48]. Dumouriez renonce à envahir la Belgique et occupe les hauteurs de l'Argonne[44]. Laclos fait envoyer d'urgence des renforts. Le 19 septembre, il part pour Paris se concerter avec Servan et est donc absent lors de la bataille de Valmy du 20 septembre[49]. Selon René Pomeau, son rôle dans la préparation de cette victoire reste méconnu des historiens militaires[49], bien que Jean-Paul Bertaud souligne l'importance de sa contribution comme chef de la logistique[45]. Ce poste de commissaire du ministère était équivalent au grade de général de brigade[50].

Le 21 septembre 1792, la Convention nationale proclame la République. Servan et Danton perdent leurs fonctions[49]. Servan se fait nommer à la tête d'une armée des Pyrénées et désigne Laclos comme chef d'état-major. Malade, Laclos reste à Toulouse avec son épouse Marie-Soulange[49]. L'effort militaire de l'été porte ses fruits : les troupes françaises occupent la Belgique, Mayence, Francfort, la Savoie et Nice[49]. Laclos préconise la guerre contre l'Espagne mais Paris refuse les crédits pour équiper l'armée des Pyrénées[51]. En octobre 1792, il est nommé à la tête d'une expédition destinée à reconquérir les Indes avec l'appui du sultan de Mysore Tipû Sâhib[52]. Le projet, nécessitant 15 000 hommes et 15 vaisseaux, est finalement abandonné au début de 1793[52].

En mars 1793, la France étant en guerre avec le Royaume-Uni, Laclos reprend ses travaux sur le boulet creux qu'il avait expérimenté à l'île d'Aix puis à La Fère en 1786[52]. Il participe à la mise au point des boulets de canon explosifs capables d'envoyer des éclats à leur arrivée au sol[53]. Le 1er avril 1793, Dumouriez trahit et passe à l'ennemi avec le jeune Louis-Philippe et plusieurs membres de l'ancienne coterie orléaniste[52]. Le 2 avril, Laclos est enfermé à la prison de l'Abbaye, mais libéré le 4 avril. Cette valse-hésitation dure dix-neuf mois[52] : consigné à son appartement du Palais-Royal le 10 mai, il est complètement libéré le 21 juin et rejoint sa famille à Versailles[54].

Le 20 août 1793, Berthollet et Berthier signent un ordre concernant les essais de boulets creux avec Laclos[55]. En octobre, il poursuit ces expérimentations sur l'ancien domaine royal de Meudon[55]. Nommé commissaire en chef des expériences par le ministre de la Marine, il prend possession du château de Meudon le 4 novembre 1793[56],[55]. Le lendemain, il est arrêté chez lui au Palais-Royal en vertu de la loi des suspects et emprisonné à la prison de La Force, puis transféré le 20 décembre à la prison de Picpus[55]. À cause de la trahison de Dumouriez, il est emprisonné comme orléaniste[56].

La prison de Picpus, située à l'angle de l'actuel boulevard Diderot, est la plus excentrique des prisons révolutionnaires[57]. Le 31 mars 1794, Saint-Just donne un décret nommant Laclos comme complice[58]. Le 6 avril, Danton est guillotiné. Le 8 avril, Laclos adresse à sa femme une lettre ambiguë qui peut se lire comme un adieu, joignant une mèche de ses cheveux[58]. Après la loi du 22 prairial an II (10 juin 1794) et le déclenchement de la Grande Terreur, Marie-Soulange est expulsée de Paris et va vivre à Versailles avec ses enfants dans le dénuement[58]. La guillotine est transférée à la place du Trône-Renversé, et chaque soir les suppliciés sont enterrés dans les jardins de Picpus[58]. La prison devient un lieu d'envoi massif vers le tribunal révolutionnaire[58].

Le 9 thermidor an II (27 juillet 1794), la chute de Robespierre sauve Laclos[58]. Il a manifestement bénéficié de protections dont la nature reste mystérieuse[58]. Une histoire du XIXe siècle prétend que Robespierre l'aurait chargé d'écrire certains de ses discours, mais cette hypothèse est jugée invraisemblable[58]. Certains auraient voulu préserver en lui le chercheur militaire, le savant[59][45]. Les portes des prisons ne s'ouvrent pas immédiatement après le 9 thermidor. Fin octobre 1794, Picpus est fermé mais Laclos est transféré à la prison du Luxembourg[60]. Il ne recouvre la liberté que le sous la Convention thermidorienne[60],[56]. Sa difficile libération témoigne de son échec politique[60].

Après la Terreur et retour à l'armée (1795-1803)

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En 1795, espérant être réintégré dans l'armée, Laclos rédige un mémoire intitulé De la guerre et de la paix qu'il adresse au Comité de salut public, sans effet. Il y développe une analyse stratégique de la situation française face à la coalition européenne, défend fermement la doctrine des frontières naturelles et préconise l'obtention des deux rives du Rhin pour assurer la libre circulation des marchandises sur le réseau Meuse-Escaut-Rhin. Au sud, il recommande de ne pas franchir les Pyrénées, barrière naturelle stratégique. Sa vision géopolitique s'inscrit dans une perspective de lutte économique contre la puissance britannique, qu'il considère comme un despotisme maritime. Ce mémoire reste sans effet immédiat sur sa carrière[45]. Il tente également d'entrer dans la diplomatie et de fonder une banque, sans succès. En décembre 1795, il est nommé secrétaire général du service des Hypothèques où il s'efforce d'inculquer une déontologie du service public à ses subordonnés tout en jouant dans sa famille et dans les salons le rôle d'honnête homme des Lumières[45].

Laclos fait finalement la connaissance du jeune général Napoléon Bonaparte, Premier consul et artilleur comme lui, et se rallie aux idées bonapartistes. Il approuve sinon participe au coup d'État de brumaire[45]. Le , il est réintégré comme général de brigade d'artillerie et affecté à l'Armée du Rhin sous le général Eblé, où il reçoit le baptême du feu à la bataille de Biberach. Affecté au commandement de la réserve d'artillerie de l'armée d'Italie, il meurt le à Tarente, affaibli par la dysenterie et le paludisme, et est enterré sur place. Au retour des Bourbon en 1815, sa tombe est violée et détruite.

Œuvres les plus connues

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  • Ernestine, opéra-comique, 1777[61]
  • Les Liaisons dangereuses, 1782
  • De l'éducation des femmes, 1783[62]. Le texte inachevé de Laclos, composé d'un Discours sur la question proposée par l'Académie de Châlons sur Marne et d'une dissertation titrée Des femmes et de leur éducation, a été édité sous ce titre par Édouard Champion à la Librairie Léon Vanier en 1908. Il est réédité en 2018 aux éditions des Équateurs[63], complété par un court texte, établi par Jean Dagnan-Bouveret et titré par ses soins Essai sur l'éducation des femmes (le manuscrit original n'en avait pas), paru dans La Revue bleue en mai 1908, qui commence par ces mots : « La lecture est réellement une seconde éducation qui supplée à l'insuffisance de la première[64]. »
  • Instructions aux assemblées de bailliage, 1789
  • Journal des Sociétés des amis de la Constitution, 1790-1791
  • De la Guerre et de la Paix, 1795

Prononciation du nom de famille

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Il convient de préciser que le nom Choderlos se prononce cho-der-lo (le s est muet) et non ko-der-lo. Roger Vailland, dans son Laclos par lui-même (p. 65), donne le fac-similé d’un Mémoire pour demander la Croix de Saint-Louis rédigé par Laclos et daté du , où celui-ci se dénomme Chauderlot de Laclos. D'ailleurs, on trouve souvent dans les écrits de l'époque l'orthographe Chauderlos-Laclos, qui confirme la prononciation cho-der-lo. Par exemple, dans son Histoire de France[65], Rocques de Montgaillard écrit en 1827 que « […] la compagnie d'artillerie destinée à agir contre l'Assemblée nationale, est commandée par Chauderlos-Laclos (si connu par son infâme roman intitulé Les Liaisons dangereuses), officier entièrement dévoué au duc d'Orléans... » Les actuels descendants de Choderlos de Laclos prononcent leur nom : cho-der-lo.

En tant qu'éponyme

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La rue Choderlos-de-Laclos, dans le 13e arrondissement de Paris, à proximité de la Bibliothèque nationale de France, lui rend hommage.

Un amphithéâtre universitaire de la faculté des Langues, Lettres, Arts et Sciences humaines de La Rochelle porte aujourd'hui son nom[66].

  1. Laclos proposa un système de découpage par secteurs égaux, désignés par des lettres de l'alphabet, ensuite, à l'intérieur de ces secteurs de numéroter les rues en affectant les numéros impairs aux rues parallèles à la Seine, et les pairs, à celles qui lui sont perpendiculaires. La Révolution stoppa temporairement les projets de numérotation.
  2. Dans une lettre à sa femme du 26 brumaire an IX, Laclos confirme son rôle : « Je puis t'assurer que toute la correspondance de Londres est exacte, à quelques phrases ou mots estropiés près [...] or il n'y avait ni l'auteur de droit ni l'auteur de fait » (Levayer 1969, p. 53-54). Il précise que « toutes les minutes de sa main ont été brûlées » et que « tout le registre doit être de la main de Clarke ».
  3. Les textes certainement de Laclos incluent : « Du perfectionnement et de la stabilité de la Constitution » (24 pages), « Mesures à prendre suivant les circonstances » (20 pages, signé avec Lépidor fils), « De la monarchie et du républicanisme » (15 pages), et « Supplément aux Travaux actuels » (4 pages). Voir Levayer 1969, p. 55-58.
  4. Selon Nicolas de Bonneville dans La Bouche de fer du 20 juillet 1791, Laclos déclare : « M. Brissot lui-même, Messieurs, qui est pour la république, a senti qu'il ne fallait rien brusquer, qu'on ne pouvait aspirer à y parvenir que par les moyens constitutionnels. » Albert Mathiez a démontré en 1923 que cette intervention de Laclos s'est faite en présence de Brissot qui ne protesta pas, réfutant ainsi les accusations ultérieures de ce dernier dans ses Mémoires. Voir Mathiez 1923, p. 408-411.

Références

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  1. « https://francearchives.fr/fr/file/ad46ac22be9df6a4d1dae40326de46d8a5cbd19d/FRSHD_PUB_00000355.pdf »
  2. Voir la section Prononciation du nom de famille.
  3. « AD 80, 5MI_D140 : Registre BMS de la paroisse Saint-Michel d'Amiens (1740-1747), vue 51, 19 octobre 1741, acte de baptême de Pierre Ambroise François Choderlos de la Closse. »
  4. Dictionnaire de la vraie noblesse, éditions Tallandier, p. 69.
  5. « famille de la petite noblesse »
  6. a b et c Monique Cara, Jean-Marc Cara, Marc de Jode, Dictionnaire universel de la franc-maçonnerie, Paris, Larousse, 2011, 640 p., (ISBN 978-2-035861-36-8)
  7. 1777, représentation unique d’Ernestine
  8. Recension de Cecilia ou les Mémoires d'une héritière, de Frances Burney, dans Versini 1979, p. 469
  9. Pomeau 1964, p. 61
  10. Pomeau 1964, p. 63
  11. a et b Pomeau 1964, p. 64
  12. « De La Rochelle à l’île d’Aix : Les Liaisons dangereuses », sur La Pierre d’Angle, (consulté le )
  13. Osman 2010, p. 518-519
  14. Osman 2010, p. 523-524
  15. Versini 1979, p. 772-773
  16. Pierre Choderlos de Laclos sur Evene.fr (consulté le 8 septembre 2011).
  17. Osman 2010, p. 504
  18. Antoine Oury, « Le manuscrit autographe des Liaisons dangereuses, de Choderlos de Laclos », ActuaLitté,‎ (lire en ligne, consulté le )
  19. a b c et d Rosbottom 1978, p. 17-22
  20. Dangerous Connections : Or, Letters Collected in a Society, and Published for the Instruction of Other Societies, T. Hookham, At his Circulating Library, New Bond Street, Corner of Bauton Street, (lire en ligne)
  21. Sœur de Guy-Victor Duperré
  22. Ce fils, Étienne Fargeau Choderlos de Laclos, auteur des Carnets de marche du commandant Choderlos de Laclos (An XIV- 1814), suivis de lettres inédites de Mme Pourrat, publiées avec une préface et des notes par Louis de Chauvigny (Payot, 1912), est né le 1er mai 1784. Il mourra à la bataille de Berry-au-Bac le 18 mars 1814 lors de la campagne de France sous les ordres du Maréchal Marmont.
  23. On considère habituellement qu'un des modèles vraisemblables de Valmont est le libertin Paulin de Barral, qu'il a pu rencontrer lorsqu'il était en garnison à Grenoble, et dont Stendhal écrit, dans Mémoires d'un touriste (Grenoble, le 18 août [1837], à onze heures du soir), « Tout Allevard est encore rempli du souvenir d'un homme aimable, M. D. B*** qui mettait sa gloire à être l'amant de toutes les jolies filles du pays ».
  24. Selon la Marquise de Coigny, voir Mémoires du comte Alexandre de Tilly, v. 1, 1830, p. 290.
  25. Note de Tilly, Alexandre de Tilly, Mémoires t. I, Paris, 1929, p. 223-225
  26. « un rousseauisme quasiment idéal»
  27. « Projet de numérotage des rues et des maisons de Paris », publié pour la première fois dans le Journal de Paris, 22 juillet 1787. Réimprimé sans les dernières lignes dans L'Intermédiaire des Chercheurs et Curieux, 10 décembre 1908.
  28. Pomeau 1993, p. 212
  29. Blanc 2006, p. 68
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Bibliographie

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Sources primaires

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  • Exposé de la conduite du duc d'Orléans, rédigé par lui-même à Londres, Paris, 1790
  • Journal des Amis de la Constitution, Paris, 1790-1791, 4 vol. in-8°
  • Correspondance de L. P. J. d'Orléans avec Louis XVI, la reine, Montmorin... etc., Paris, 1800
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  • Jean Goldzink, Le Vice en bas de soie ou le roman du libertinage, Paris, José Corti, , 205 p. (ISBN 978-2-71430-748-4)
  • Paul-Edouard Levayer, « Les écrits politiques de Laclos », Revue d'Histoire littéraire de la France, vol. 69, no 1,‎ , p. 51-60 (JSTOR 40523417)
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  • Laurent Versini (dir.), Œuvres complètes, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade »,

Articles connexes

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Liens externes

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